Expositions collectives
10.2023 LYON ART PAPER 2023 - Salon de dessin contemporain - dessins
09.2022    Art sur site - STMicroelectronics - Bernin (38) - huiles
05.2022    La Veyrie en feuilles - ART sur papier - Bernin (38) - dessins
05.2022 97ème Salon de la Société des Amis des Arts de Grenoble - huiles
10.2021 LYON ART PAPER 2021 - Salon de dessin contemporain - dessins
09.2021 Biennale du dessin - Quartier Saint Laurent, Grenoble - dessins
09.2020 Collectif TROTT’art - Ouverture d’ateliers d’artistes - encres et huiles
09.2019 Présences – Art numérique-Arts Plastiques - Bernin (38) - dessins et huiles
04.2019 96ème Salon de la Société des Amis des Arts de Grenoble - huiles - 1er prix de peinture
04.2019 Collectif TROTT’art - Ouverture d’ateliers d’artistes - dessins, huiles
04.2019 1er salon régional d’aquarelle - mairie de Saint Egrève - aquarelles
06.2017 Concours de dessin du Musée de Grenoble autour de l'exposition Fantin-Latour - 5ème prix de dessin

04.2016 Exposition Rotary Club – Annonay – huiles et aquarelles
08.2009 15ème Festival Arts et Vignes - Châtillon en Diois - dessins, aquarelles
05.2011 Exposition Rotary Club – Davézieux - huiles, aquarelles
02.2006 Exposition illustrations - Ligue de Protection des Oiseaux - aquarelles, dessins
08.2001 7ème Festival Arts et Vignes - Châtillon en Diois – aquarelles, dessins

Expositions personnelles
21/10 au 12/11.2023    Le temps est venu - Hangar 717, Gleizé (69) - dessins
02.2023 ESPÆCES  et Mémoire carbone - Galerie Place à l'ART, Voiron (38) - dessins

11.2022 Corps & Volutes - Médiathèques de Crolles (38) - dessins

03.2022 Frigos - Mairie de la Côte Saint-André - huiles
02.2022 A table ! - Espace Jean-Bernard Guy, Grenoble - en dialogue avec l'artiste 1011
06.2018 Les dormeurs - Mairie de Corenc
03.2017 Chez Violette et François, Boulogne-Billancourt - huiles
10.2016 Reviviscence - Espace Berthelot, Lyon - dessins huiles
06.2014 Réminiscences - Espace Berthelot, Lyon - huiles
05.2014 Galerie Art'TeaStic – Grenoble - huiles
06.2011 Invitation au voyage - Espace Berthelot - Lyon - huiles
06.2010 Escapade artistique  - Ardoix - huiles, aquarelles 


En-dedans et au-delà

Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné, Jean-Louis Roux, publié le 24 février 2023. Exposition ESPÆCES et Mémoire Carbone.


C'est un parcours d'une étonnante cohérence, que propose Agnès Colrat dans son exposition de la galerie Place à l'Art. A l'aide d'une bougie qu'elle manipule comme d'autres un crayon, elle nous guide de la fermeture du crâne jusqu'à l'ouverture des cieux...


« Mais bon sang, qu'est-ce que tu as dans le crâne ! », dit la mère excédée à son fils écervelé. Écervelé, oui... Qu'y a-t-il dans le crâne, quand le cerveau n'y est plus ? Agnès Colrat explore l'intérieur de la tête, quand la tête, désormais dépourvue de sa matière grise, n'est plus qu'une boite crânienne. Restent une caverne et ses parois. En explorant les cavités osseuses de ce crâne ancien prêté par un ami archéologue, en en retraçant les moindres aspérités et les moindres sutures comme si elle parcourait à pas lents un paysage accidenté, Agnès Colrat a remonté le temps. Ce crâne venu du fond des âges l’a entraînée avec lui. Elle est remontée jusqu'à l'âge des cavernes, justement. Hommes des cavernes dessinant au charbon de bois sur les parois de la caverne... Art pariétal donc, pariétal forcément, venu à l'esprit de l'artiste par l'os pariétal du crâne dessiné...


Dans l'effusion d'une âme


Agnès Colrat ne dessine pas au charbon de bois, mais presque. Elle dessine à la bougie. Le noir de ses dessins n'est autre que la suie de la fumée de bougie, qu'elle approche de sa feuille de papier. Son dessin n'est que fumerolles, vapeurs, volutes -noir éther déposé à la surface du papier. Les ossements crâniens, dès lors, semblent à peine davantage que de fugaces apparitions, un souffle sombre traversant l'espace du dessin en tourbillonnant. Un courant d'air, tout à coup révélé. L'effusion d'une âme, le passage d'un ange... Il est d'autres dessins : Agnès Colrat les a intitulés Élévation, Lévitation. Ce sont des êtres humains, représentés à taille humaine, qui semblent danser et s'évaporer à la fois : corps soudain sans lourdeurs, délestés de leur pesanteur terrestre, et qui, dans un mouvement légèrement tournant (la suie de fumée procurant la sensation d'un flou, d'un bougé), se trouvent aspirés vers le haut. Ascension, assomption...


Un parcours initiatique


Tout ici nous parle d'un au-delà. Du crâne à l'élévation, et de l'élévation jusqu'aux galaxies infinies : cette exposition relève du parcours initiatique. Elle s'achève en effet sur une évocation des exoplanètes et des nébuleuses inconnues. Une échappée - toujours au noir de suie - vers les espaces béants, les mondes sans limite, l'univers en expansion. De l'intérieur du crâne (l'enfermement dans notre petite caverne portative), Agnès Colrat nous conduit sans rupture jusqu'à l'ouverture absolue. Ce pourrait être un requiem et c'est, en définitive, la musique des sphères, les grandes orgues de l'harmonie céleste. A la lueur vacillante d'une bougie, Agnès Colrat balise notre chemin de vie : de l'en-dedans à l'au-delà.

JEAN-LOUIS ROUX


Articles et vidéos

 La Veyrie en feuilles - ART sur papier - Bernin (38) - 05.2022  

Cliquez sur ce lien pour voir le catalogue de l'exposition 


Nature morte avec frigo

Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné, Jean-Louis Roux, publié le 15 mars 2022.

     Voici des natures mortes pour notre temps  ! En prenant pour modèle l’intérieur d’un frigo ou le bac d’un évier, Agnès Colrat parle de nos vies d’aujourd’hui, tout en traitant des enjeux intemporels de la peinture. À découvrir à La Côte-Saint-André.

Ouvrir le réfrigérateur, c’est aller au spectacle. C’est bien d’ailleurs ce que l’on fait  : on ouvre le frigo pour regarder ce qu’il y a dedans. Certes, c’est pour, dans un second temps, se demander ce que l’on va pouvoir faire avec ce que l’on a. Mais le fait est  : le réfrigérateur est un théâtre où, sans nous en rendre compte, nous mettons en scène notre alimentation. C’est toute une géographie, notre frigo  ! Parfois même une géologie, tant il y a de strates de victuailles... Comment nous approprions-nous cet espace de conservation, qui a été pensé et conçu par d’autres avant nous (ingénieurs, designers, etc.)  ? Le frigo relève de l’intimité, presque autant que notre chambre à coucher  : il dit tout de nos vies – nos manques, nos faiblesses, nos compulsions. Agnès Colrat ouvre nos frigos et c’est d’emblée un tableau.

SOCIETE CONSOMMEE.

Ce serait une injustice que de réduire les peintures d’Agnès Colrat à ce qu’elles représentent  : des intérieurs de frigos. Il n’est pas interdit, bien entendu, de considérer la dimension sociologique de ces réfrigérateurs béants  : ce qu’ils trahissent de nos modes de vie. Mais ce serait faire fausse route que d’en rester là. Car, si la lumière froide des réfrigérateurs et les couleurs violentes des emballages de l’industrie agroalimentaire dénoncent évidemment (et sans qu’il soit utile d’épiloguer longtemps) la futilité clinquante de la société de consommation, la démonstration tient in fine à la façon dont l’artiste, par sa touche, creuse son motif.

SACHETS, BARQUETTES, BOCAUX.

En peintre de nature morte qu’elle est (mais une nature morte qui donne à voir notre vie d’aujourd’hui et qui parle de nous), Agnès Colrat joue des chromatismes (salades vertes et betteraves rouges) et plus encore des effets de matière  : brillances ou matités des emballages, demi-transparences des boîtes hermétiques en plastique, compositions complexes marquant l’interpénétration des volumes et des plans (sacs, sachets, barquettes, bouteilles, bocaux, pots). Les cadrages sont rigoureux  : frontaux (on imagine l’artiste accroupie devant le frigo ouvert) ou bien en vue cavalière (regard surplombant de toute la hauteur d’un adulte sur le contenu du frigo).

LE VIDE ET LE PLEIN.

Ce que montrent les huiles sur toile d’Agnès Colrat relève donc de la superficie (la consommation, c’est l’écume des jours), mais cette superficie est travaillée par l’artiste en profondeur. Le réfrigérateur a beau être plein, il exprime souvent un vide, tandis qu’en figurant ce vide, Agnès Colrat est au plein de l’acte de peindre. Qu’on veuille bien y prendre garde  : en focalisant son regard sur l’intérieur des réfrigérateurs, l’artiste s’interroge d’entrée sur ce qu’est une image. La porte ouverte du frigo, c’est en soi un tableau  ! Les bords du frigo coïncident avec les bords du tableau. Le frigo conserve nos provisions, mais encore il les «  encadre  »  ; il les maintient à l’intérieur d’un volume, que la peintre transforme en une surface cernée.

DU FRIGO A L’EVIER.

Du reste, Agnès Colrat opère pareillement, lorsqu’elle dessine des éviers  : dans de rigoureuses vues plongeantes qui écrasent la profondeur, elle fait coïncider le cadre de son dessin avec le bord de l’évier... et réduit, du coup, son motif aux seules usures que la céramique ou l’inox du bac a subi au cours des décennies de son utilisation  : rayures, frottements, grattages, dépôts, etc. S’il n’y avait la grille de la bonde – ou bien quelques cadavres de mouches – pour nous ramener à la réalité, nous serions bien en peine d’interpréter ces dessins à l’encre sur polyester. Tout procède, chez Agnès Colrat, de ce va-et- vient perpétuel entre le réel et son image, le rendu de l’espace mais l’aplatissement des plans, la figuration assumée mais la jubilation du pur exercice pictural. L’art d’Agnès Colrat se joue à l’entre- deux des mondes.

Petite vidéo réalisée par Stephan Poulle.  2021


Note d'intention à propos des séries ESPÆCES et Mémoire Carbone

Gilles Fourneris, 2020


  Dans sa série ESPÆCES, Agnès Colrat explore les détails - cavités, interstices, protubérances, sutures, emboitages, ouvertures  -  d’une boite crânienne  humaine, vieille de plus d’un siècle,  spécimen parmi ceux qu’utilisent les archéologues comme référence anatomique et gabarit.

  Le statut et la portée des ossements crâniens – restes intemporels de ce qui fut l’enveloppe matérielle et le siège de personnalités humaines, une fois accomplie la lente besogne du temps rongeur sur les tissus morts -   n’est plus à décrire.  Quel qu’en soit l’âge, quelques années ou quelques siècles, le lien aux individualités vivantes défuntes dont ils sont les carcasses s’est irrémédiablement dissous dans la terre avec les chairs. Ne subsiste sous nos yeux - appelés eux-aussi à disparaitre -  qu’un symbole éternel et irréfragable de notre condition de mortel, vanité que l’art n’a cessé de déclamer, vestige parmi les vestiges de nos existences charnelles vouées à la pétrification ou au néant.

  Mais là n’est pas le propos d’Agnès Colrat. Le regard que ses dessins adoptent s’attache à l’inverse, à déconstruire le sujet du crâne humain, à le détacher de son genre animal pour lui donner une dimension d’objet. Les points de vue minutieusement sélectionnés par l’artiste, qu’ils s’attachent à dévoiler d’insolites perspectives semblables à celles qu’offrent les grottes, ou à nous projeter au plus près des surfaces aux textures sédimentaires, révèlent une nouvelle substance, architecturale celle-ci, minérale et caverneuse . Sous les crayons du peintre , le volume crânien prend l’aspect d’une construction spatiale primitive, où concrétions, fissures, dépôts, trouées, promontoires dentés campent le décor d’une géographie préhistorique, imaginaire, qui nous renvoie, non au trépas du vivant, mais aux origines du monde.

  Les techniques graphiques employées servent magnifiquement l’évocation de l’homme dans sa relation à une minéralité originelle. L’eau, ses suintements, ses écoulements, tout comme le carbone qu’il soit sous forme d’aplats calcaires ou de dépôts friables de craie, ou encore la silice enfouie au plus profond de couches claires granulaires comme le quartz, habitent les horizons et les gros plans picturaux dans lesquels Agnès Colrat nous plonge. Au point que, tel un esprit que le travail invoquerait par magie, le pariétal s’invite et la boucle est bouclée.  La paroi crânienne comme support mural sur laquelle l’homme peint.  L’espace de la boite comme antre intime, lieu de toutes les projections. Somptueux retour platonique à l’humain.

Gilles Fourneris


Court-métrage réalisé par Stephan Poulle (2019) pour l'installation Archéologie d'une présence, Château de la Veyrie, Bernin (38)

Exposition "Présences - Art Numérique, Arts Plastiques"